Rencontre avec un.e céramiste - Judith Dubord

Crédit photo: Judith Dubord

Judith Dubord est originaire de Montréal. Depuis 2006, elle vit et travaille à Saint-Jean-Port-Joli. Céramisteet verrier, elle détient une pratique orientée vers la conception et la production d’objets métiers d’art. Nous vous proposons les pièces de sa collection Roccoco Bling Bling en boutique cet été.


- Comment t'es tu tourné vers la céramique? Parle nous un peu de ton parcours.

Après le secondaire j’ai étudié en Arts visuels.  Ensuite j’ai changé d’orientation et fait mes études en Procédés Chimiques. J’ai travaillé dans ce domaine une dizaine d’années mais en parallèle je développais mon entreprise en tant que verrier puis céramiste.

Toute petite j’aimais déjà fabriquer des objets avec mes mains.  Coudre, tricoter, assembler.  Plus tard je me suis intéressée au verre et je suis allée suivre une formation à Espace Verre. Je voulais faire des contenants mais je me suis vite rendue compte que le verre soufflé ce n’était pas pour moi.  C’est auprès de Jeanne Pare que j’ai tourné pour la première fois et ce fut un gros gros déclic pour moi.  Ensuite j’ai pris des cours avec Sébastien Houle dans son atelier de Villeray à l’époque.  Quelques années plus tard je m’inscrivais en céramique à la Maison des Métiers d’art de Québec.  Je dirais que c’est mon amour du tournage et mon besoin de créer des contenants qui m’ont mené à la céramique.



- Ta nouvelle collection est très différente de ce que tu faisais auparavant. Quelles ont été tes sources d'inspiration pour cette collection Roccoco Bling Bling?

J’aime beaucoup explorer de nouvelles techniques en traitement de surface en céramique. Mes collections évoluent année après année au fil de mes explorations. Si on regarde ce que je faisais il y a cinq ans c’est très différent de ce que je fais maintenant. Mais il y a toujours un fil conducteur. J’aime les objets, les décors, la couleur. Pour la collection Roccoco bling bling  je m’inspire de l’univers du Chapelier Fou, un de mes personnages préférés du monde d’Alice aux Pays des Merveilles.  J’y mets en scène les motifs anciens que je voyais sur la porcelaine de ma grand-mère. Ma grand-mère avait, dans un vaisselier, un magnifique ensemble de porcelaine qu’elle a passé sa vie à nettoyer mais qu’elle a rarement utilisé. C’était la vaisselle de la belle visite qui ne venait pas si souvent que ça finalement. Cette collection c’est un peu ma façon de désacraliser cette vaisselle précieuse en jouant avec ses codes.  C’est un clin d’œil à ma grand-maman Claire.

Ensuite se greffe à cela tout un univers d’explorations formelles, des limites, sous forme de collages, de superposition de motifs et une envie d’explorer différentes techniques sur les surfaces. Je travaille en montant des couches différentes de décors. Les motifs, les répétitions, les couleurs et la surabondance sont au cœur de cette collection.

- Qu'elle.s partie.s de ton travail préfères-tu?

Je suis une tourneuse.  J’aime profondément m’asseoir au tour pour fabriquer mes pièces.  C’est une de mes étapes préférées.  J’aime aussi beaucoup m’installer à l’ordinateur pour dessiner mes prochains motifs à sérigraphier.  Ça me plaît beaucoup de prendre le temps d’ajuster en essayant d’imaginer différentes couleurs de tirage.  Et bien sûr quand vient le temps du collage!  Je remplis ma table de travail de tous les décalques que j’ai récoltés au fil des ans et là je passe des heures à faire des assemblages.

- Et ta partie moins favorite?

En fait je dirais que c’est de faire jour après jour là même chose qui me déplaît.  Donc je planifie mon horaire pour éviter les taches répétitives sur plusieurs jours.  Mais si je devais déléguer une tâche de façon permanente ce serait  l’émaillage et la comptabilité.

- Quel est ton remède contre la panne d'inspiration?

Le travail! Je me mets en action concrètement.  L’activité de mes mains active quelque chose dans mon cerveau et c’est bien souvent comme cela que l’inspiration arrive ou revient.  Je le dis souvent et le répète aux étudiants, la créativité n’est pas quelque chose qui tombe du ciel dans notre tête, c’est un muscle qui s’entraîne et pour moi, une partie de mon entraînement c’est de Faire.

Sinon bien sûr je fais beaucoup beaucoup de recherches dans la matière, les livres, internet,etc.  De plus je fais en sorte de suivre au moins une formation par année.  Je m’organise pour toujours remplir mon bagage créatif de nouvelles connaissances.  De cette façon j’évite la monotonie et par le fait même nourris mon muscle de la créativité.

- Travailles-tu plutôt de jour ou de nuit? Quel type de musique écoutes-tu en travaillant?

Je suis clairement une personne de jour. J’ai une famille donc j’ai organisé mon horaire en fonction de cela, pour être avec eux. Je travaille du lundi au vendredi, rarement les week-end. Finalement je suis une personne plutôt conventionnelle point de vu horaire de travail. Mais il m’arrive souvent le soir d’avoir des idées qui émergent donc j’ai toujours un cahier à dessin avec moi pour les noter.

J’ai vraiment des goûts hétéroclites en terme de musique lorsque je travaille dans l’atelier. Quand je tourne je mets ma liste de lecture « tournage » dans laquelle il y a de tout, de Patrick Watson à Cesaria Evora en passant par Pachelbel. J’aime beaucoup l’opéra.  C’est temps-ci je suis dans une période Country et mon amoureux trouve ça bien drôle!  Je revisite les anciens comme Dolly Parton et Johnny Cash.  Et j’ai un gros gros faible pour Chris Stapleton et Matt Lang!  Mais je suis ouverte à toutes les suggestions…

- À qui s'adresse ta collection?

J’ai constaté que ma collection touche un large éventail de personnes, autant des jeunes que des personnes beaucoup plus âgées. Les personnes âgées y retrouve avec nostalgie les motifs de leur enfance et les jeunes sont attirés par le côté plutôt vintage de cette collection.

- Si tu n'étais pas céramiste, quel métier penses-tu que tu ferais?

Lorsque j’ai entamer mes études en métiers d’art j’ai hésité beaucoup entre l’argile et le textile.  Je suis très heureuse d’avoir choisi la céramique mais le textile a toujours une place importante dans mon cœur!  Donc si je n’étais pas céramiste je travaillerais certainement dans une domaine en lien avec le textile.  Je serais tisserande ou lissière.



Pour découvrir les créations de Judith Dubord en vrai, rendez-vous en boutique jusqu’à la fin août 2023!
Faites vites, beaucoup de pièces sont déjà parties.

Pour la suivre sur les réseaux sociaux, c’est par ici!

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