En boutique cet été : Mathilda Lovell

Aujourd’hui nous vous présentons à travers un entretien, Mathilda Lovell, céramiste et enseignante chez nous. Inspirée par ses origines anglaise et Niki de Saint-Phalle, elle crée des pièces uniques qui célèbrent la diversité et les imperfections. Elle nous parle de sa passion pour la matière, et les podcasts écologistes ! 

«En créant des pièces qui ne sont jamais les mêmes, l’idée est de montrer que tout le monde est différent, car c'est quand même mieux quand on met en avant cette diversité qui fait la beauté de chacun·e»

Quand est-ce que tu as tourné ta première pièce? 

Ma toute première pièce, c'était l'été avant de commencer le centre de céramique Bonsecours en 2010. Mon grand-père avait un tour qu’il avait laissé chez mes parents. Je me suis dit, tant qu’à être inscrite à une formation en céramique, autant essayer. C'était un gros échec mais c'était très fun. Je me suis rendue compte que je n’avais pas du tout la technique, ce n’est pas intuitif.


À quoi ressemble ton atelier ?

J'ai installé des fenêtres et ça change tout ! Je l'aime vraiment beaucoup. C'est un petit espace dans lequel je suis toute seule, et que j’ai réaménagé du mieux que je pouvais. On a peint les sols et je n’ai pas de chauffage en hiver mais comme j'ai mon four qui chauffe, c'est parfait. Et en été, il reste un peu frais. 


Quel type de musique écoutes-tu quand tu fais de la prod? 

J'ai plusieurs playlists et j'écoute des choses très variées. Ça va de la bande originale de Slumdog millionnaire jusqu'à Rammstein en passant par de l’électro swing comme Studio Killers ou Caravane Palace. J’écoute aussi de la musique en français : Édith Piaf, Or et Grenat, Stromae... Si il y a du rythme ça m'aide à me motiver ! Et sinon au niveau podcasts j'en écoute énormément, surtout quand j'ai pas besoin de me concentrer. Je commence par écouter de la musique quand j'ai besoin de pétrir mes boules ou de réfléchir à ce que je fais de ma journée puis après je lance un podcast. J'en écoute souvent sur l'écologie et particulièrement l'écologie féministe : les Couilles sur la table, le Coeur sur la table, Un podcast à soi, Vivons heureux avant la fin du monde, Supergreen Me… Il y aussi des podcasts en anglais que je trouve très intéressants comme Ologies, You’re dead to me sur la BBC. J’ai même réalisé un podcast, Turquoise Going Green, qui met en avant des conversations avec des personnes engagées pour l’écologie. J'écoute aussi des livres audio quand j’en trouve sur YouTube sur les sujets qui m'intéressent. 

Comment définirais-tu ton style? 

Je suis très influencée par mes origines, donc le “tea-time anglais” c'est-à-dire tout ce qui gravite autour de la théière, de la tasse et surtout du très très fin. C’est la raison pour laquelle je tourne toutes mes pièces de façon très mince. La collection que j'ai proposé aux Faiseurs en ce moment, s'appelle ” Niki”. C'est ma nouvelle collection un peu plus féministe. Elle est inspirée de l’artiste plasticienne Niki de Saint-Phalle qui réalisait de grandes sculptures de femmes voluptueuses avec plein de rondeurs et de couleurs. J’y fais référence avec les petites bosses que j'ai créées sur mes pièces et l’utilisation de couleurs très saturées. Chacun des designs peut rappeler des éléments qu'on peut voir chez les femmes. Par exemple, le motif des petits traits représentent les poils des aisselles. En créant des pièces qui ne sont jamais les mêmes, l’idée est de montrer que tout le monde est différent, car c'est quand même mieux quand on met en avant cette diversité qui fait la beauté de chacun·e. Ces petits défauts, qui n’en sont pas vraiment, sont seulement des traits, des caractéristiques qu’on peut revaloriser créativement par exemple, comme sur mes pièces, pour y voir quelque chose de beau. On peut y voir des poils, des vergetures et même des points noirs. Il y en a qui voit des tétons. Tout le monde peut y voir ce qu'il veut !

 Quel est ton approche au métier de céramiste?  Qu'est ce qui t'attire dans ce métier, pourquoi avoir choisi cette voie et quelle image en as-tu?

Le fait que ce soit mou, malléable, 3D, c'est vraiment ce que j'aime beaucoup. J'ai fait une Mise à Niveau en Arts Appliqués (MANAA), donc une prépa art où nous touchions à presque tous les médiums, à l'exception de ce qui était fait sur ordinateur. En fait, tout ce qui était 2D, je n'aimais pas du tout, et je n'étais pas bonne en plus ! Par contre, tout ce qui était 3D me passionnait et l'argile portait cette possibilité là : on peut vraiment tout faire avec. C'est un matériau qui m'inspire énormément. Le simple fait d’avoir les mains dans la terre, c'est vraiment quelque chose de précieux pour moi.


Tu es céramiste, enseignante et aussi technicienne à l'atelier. Selon toi et d'après ton expérience, qu'est-ce qui fait la particularité des Faiseurs ?

J'aime beaucoup travailler aux Faiseurs. Il y a toujours une super ambiance, que ce soit avec l'espace café ou entre les membres au studio. En fait, tout le monde est content d'être là et ça donne l’impression de faire partie d’une petite famille. Au niveau de l’enseignement c’est pareil, enseigner là-bas c'est toujours un plaisir car les étudiant·e·s sont heureux d'être là, ils·elles ont envie d'apprendre. En tant que technicienne je fais surtout le tournassage, et ça m'a permis, dans ma pratique, de mieux comprendre cette technique ou même d'être capable d’être plus rapide. Je retrouve cette dynamique dans l'enseignement aussi parfois. En expliquant comment faire aux étudiant·e·s, j’ai pris conscience des gestes que je faisais. Ça m'a permis de mieux comprendre ces gestes instinctifs pour après être capable de les déconstruire. Ça m’apporte beaucoup dans ma pratique personnelle mais aussi dans la compréhension qu'on a de notre propre métier.