À quoi ressemblerait ton atelier idéal?
Il est déjà pas mal je trouve! J'aime les grandes fenêtres, le plafond très haut et les gens avec qui je le partage! Un jour j'espère, il sera un peu dans la forêt, entouré d'arbres.
Si tu n'étais pas céramiste, tu penses que tu ferais quel type de job?
Hum... j'aurais aimé être psychologue ou philosophe!
Comment définirais-tu ta collection?
Je dirais plutôt minimaliste, organique et introspectif. Les lignes sont simples et fluide. Je pense que l'univers de la collection évoque le calme, la liberté, la souplesse.
Raconte-nous ta rencontre avec l'argile. Comment es-tu devenue céramiste?
C'est un peu intense mais je n'avais jamais fait de céramique avant de m'inscrire à la technique en métiers d'art, profil céramique ! Quand j'étais jeune j'ai fait du fimo et peint sur des céramiques déjà faites, mais c'est tout! En fait, je cherchais à changer de profession. Je voulais incarner cette partie de moi qui avait besoin d'être plus libre et dans la création. Les métiers d'art incarnent aussi pour moi plusieurs de mes valeurs. Ensuite, par déduction entre les différents métiers d'art, la céramique m'est apparût comme étant le plus invitant des domaines. De par la beauté des matériaux, la souplesse que permet le travail de la terre, et pour le type d'objets qui en ressort. Dès les premiers cours où on a fait des petits pots pincés, j'ai sû que ça se passait! L'argile a été une belle rencontre!
As-tu le sentiment de créer des pièces pour toi ou pour les autres?
Un peu des deux? Je fais ce métier pour me sentir bien, exprimer quelque chose et me réaliser. Je fais des pièces pour rejoindre les gens sur ce terrain là, plus personnel, poétique, émotif et moins formaté, que sont l'art et les métiers d'art. Aussi, j'aime bien savoir quel genre de pièces les gens ont envie d'avoir pour déterminer ce que j'intègrerai à la collection. Les grandes assiettes de présentations, le grand gobelet pour le thé et le grand bol à fruit, entres autres, sont venus de demandes de clients pour lesquels j'ai eu envie d'explorer ces nouvelles formes ou formats.
Comment imagines-tu tes collections? Où vas-tu chercher l'inspiration?
Comme plusieurs, la nature m'inspire. Cet espèce de grand Tout là auquel j'ai besoin de connecter se présente dans la collection par des couleurs terres ou des textures mattes comme des rochers. Un rosé comme un coucher de soleil, un noir comme un ciel de nuit ennuagé... Et des formes fluides comme des cours d'eau, la forme que prend un lac vu de haut. Les différents objets de ma collection ont été créée un peu comme une réaction en chaîne. Les assiettes irrégulières et qui s'empilent pour crééer un genre de carte topographique vu de haut ont mené à imaginer ces ondulations dans une vue en perspective, ce qui a mené à des bols dont la lèvre est découpée dans une vague. Ensuite j'ai eu envie de ramener l'ondulation des assiettes dans une vue en plongée mais sur un objet 3D, ce qui a mené vers les gobelets dont la lèvre est ondulée vue de haut, mais non découpée. Et ainsi de suite. J'aime bien quand les différents objets se répondent et forment un équilibre. J'aime bien ça quand ça match!
As-tu eu un/des mentor.s?
J'ai travaillé pour Marie-Eve Dompierre à la fin de ma formation et au démarrage de mon entreprise. Ça m'a beaucoup aidé de vivre et de voir de l'intérieur le fonctionnement d'une petite entreprise de céramique. J'y ai beaucoup appris sur pleins d'aspects de la vie de céramiste que l'on n'apprend pas à l'école, dont la gestion des multitâches connexes qui viennent avec la vie en atelier et la vie d'entrepreneur. Sa capacité à garder la création au coeur de tout le travail de production et de gestion m'a inspirée. Et je pense que la confiance que Marie-Eve a eu dans mon travail chez elle m'a aidé à me propulser.
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