Un printemps tout en douceur avec Tendre Atelier

Pour accompagner l'arrivée des nouvelles pièces dans notre boutique du printemps, nous avons rencontré Marie Bourguignon, fondatrice de Tendre Atelier. Céramiste passionnée et enseignante inspirée, elle nous parle de son objet préféré à réaliser, de ce qui nourrit sa créativité, et de sa vision du métier, entre exigence technique et geste tendre.

" Pour moi, les rôles de céramiste et d’enseignante se nourrissent mutuellement : créer, transmettre, se tromper, recommencer... tout ça fait partie du même grand terrain de jeu. "

Quelle pièce de ta collection prends-tu le plus de plaisir à fabriquer?

J’aime particulièrement fabriquer le presse-agrume. Sa forme fermée exige des gestes différents de ceux utilisés pour mes autres pièces, avec un enchaînement plus technique dans la réalisation et les finitions. Chaque pièce est un peu unique, avec sa propre personnalité.

Quel est ton remède contre la panne d'inspiration?

J’adore les cahiers de notes, j’en collectionne depuis mes études en céramique. Alors, si je cherche des idées, je file en ouvrir un et je replonge dans mes croquis. La Grande Bibliothèque de Montréal a aussi une collection impressionnante de livres sur la céramique où je peux passer des heures à dévorer des images. Certaines m’inspireront peut-être sur le moment, d’autres plus tard.

Si tu n'étais pas céramiste, quel type de métier penses-tu que tu exercerais?

Après le graphisme, la céramique m’a permis de retrouver une approche tactile du design, toujours centrée sur l’usager et la fonction de l’objet. Ce n’est pas un hasard si mes pièces trouvent naturellement leur place sur le comptoir de cuisine. Si je n’étais pas céramiste, je crois que j’ouvrirais un service traiteur toujours dans l’idée de créer, de nourrir et de prendre soin.

Quel est ton parcours et pourquoi avoir choisi le nom "Tendre atelier"?

J’ai exercé un métier que j’adorais pendant une dizaine d’années : designer graphique pour des médias et à mon compte. À ce moment-là, je commençais à suivre des cours de poterie pour le loisir. Mon premier professeur, Marko Savard, m’a transmis, avec son approche décomplexée de la céramique, ce feu sacré aux mille possibilités. Puis j’ai découvert le Centre de céramique Bonsecours à un moment où j’avais besoin de prendre soin de moi. Il ne m’a pas fallu longtemps pour m’y inscrire et entamer une technique en métiers d’art de trois ans, durant laquelle j’ai appris à travailler l’argile, à bâtir un projet entrepreneurial, et à faire la rencontre d’une communauté extraordinaire de créateur·ice·s. J’ai eu la chance de travailler pour Stéphanie Goyer et de commencer à enseigner aux Faiseurs, deux modèles d’entreprise à la fois formateurs et inspirants.

Le mot Tendre est né d’une discussion avec un ami, puis il a pris une multitude de sens. Je suis d’un naturel plutôt doux, au cœur tendre, alors ça me ressemble bien. En céramique, on travaille aussi une matière tendre, qu’on tend à apprivoiser. Ce mot évoque également les couleurs douces, le geste de tendre la main, un plat, ou... le sel ! Quant à mon nom de famille, Bourguignon, il sonnait un peu trop "culinaire" à mon goût, mais qui sait, peut-être y reviendrai-je un jour !

Quelle est ton approche du métier de céramiste? Sachant que tu es à la fois créatrice et enseignante.

Mes pièces ont souvent une vocation simple : apporter un supplément d'âme à notre mode de vie. Les objets dont nous choisissons de nous entourer participent à la trame narrative du quotidien alors le fait main est, selon moi, une belle valeur ajoutée à nos rituels. Je porte une grande attention aux finitions et aux détails, comme la lèvre biseautée de mes gobelets, pensée pour épouser naturellement la forme de la bouche, ou encore la main de sel, avec ses petites encoches qui accueillent une cuillère. J’aime glisser dans mes objets une part de fonction, une part de surprise. Ce que je cherche, c’est créer des formes qui me plaisent, que j’ai envie de refaire encore et encore. Mais j’ai aussi besoin de sortir de ma zone de confort, c’est pourquoi je prends beaucoup de plaisir à travailler sur des commandes sur mesure, pour des particuliers ou des restaurants. Ces projets me poussent à réfléchir autrement, à expérimenter, à m’adapter.

Être potière, aujourd’hui, c’est plus vivant et plus exigeant que jamais. Comme dans tous les métiers d’art, les défis ne se limitent pas à l’atelier : la gestion, la communication, l’entrepreneuriat font aussi partie du quotidien. Il faut savoir s’accrocher, faire preuve de résilience... et surtout rester curieux·se et prêt·e à saisir les opportunités. L’enseignement aux Faiseurs est un rendez-vous stable dans ma pratique, et surtout une belle occasion de rencontrer des personnes curieuses, qui ont envie de jouer avec la terre.

Comment abordes-tu la transmission de ton savoir faire dans tes cours?

Pour moi, les rôles de céramiste et d’enseignante se nourrissent mutuellement : créer, transmettre, se tromper, recommencer... tout ça fait partie du même grand terrain de jeu. Enseigner me pousse à ralentir, à observer mes gestes avec plus d’attention, à rester curieuse. Je transmets la méthode qui fonctionne pour moi, mais je tiens surtout à encourager chacun·e à l’adapter selon sa sensibilité, son rythme, son corps. Certaines personnes vont chercher la précision, d’autres vont explorer plus librement, les deux approches sont tout aussi valables. Je veille à ce que chacun·e trouve du plaisir dans le processus, se sente libre d’essayer, de rater, de recommencer.

Suivez le travail de Marie sur les réseaux sociaux. Ses produits sont disponibles en boutique jusqu'au 30 juin 2025.