- Qu'est-ce qui vous a poussé à étudier la céramique?
Camille A: Architecte de formation, j’ai d’abord exploré ma créativité à travers le dessin et la conception dans l’espace, le paysage et la ville, avant de ressentir en 2022 le besoin de revenir à une pratique plus directe et plus intime. La céramique s’est imposée comme un moyen de créer du lien — entre la main et la matière, entre l’objet et celui qui l’utilise. Façonner l’argile m’apprend à ralentir, à évoluer, à habiter le temps autrement, et à célébrer la beauté des objets du quotidien.
Claire C. (atelier Chroma): Un heureux hasard ? Je n’avais jamais travaillé la terre avant le début de mon DEC. Mon expatriation à Montréal était un nouvelle aventure et la céramique cochait toutes les cases pour la vie à laquelle j’aspirais à l’aube de mes 30ans. C’était un défi mais je peux dire aujourd’hui que je suis heureuse de l’avoir relevé.
Daphné S-D: J’ai fait des études en géologie et travaillé pendant quelques années dans ce domaine. La matière minérale m’a toujours grandement fascinée et inspirée, la céramique est une manière pour moi de l’explorer de manière créative. La céramique est aussi pour moi une manière d’utiliser mes connaissances des minéraux autrement et d’avoir une réflexion sur la matière, sa transformation, nos objets du quotidien, les ressources utilisées ainsi que leurs provenances et transformations.
- Quelles ont été vos inspirations pour votre collection?
Audrey L: Les thématiques centrales de ma collection sont certainement celles de l’enfance et du ludique. En effet, dans un rapport de jeu à la matière, ma collection est animée par un désir continuel d’explorations de même que par un retour aux gestes et aux formes de
l’enfance. Par le dessin, la couleur, de même que par le modelage, au travers des techniques traditionnelles du tournage et du façonnage, il était important, pour moi, de trouver une source de plaisir dans le travail de l’argile, afin d’offrir des pièces ludiques et accessibles autant aux petits et qu’aux grands.
Alexandra G: J’ai toujours été fascinée par l’étrange, le mystérieux, tout ce qui échappe à l’explication. Les
fantômes, les créatures imaginaires, les phénomènes qu’on ne comprend pas tout à fait ont toujours stimulé mon imagination. Cette curiosité pour l’invisible et l’inattendu continue aujourd’hui d’alimenter ma démarche artistique.
Pour cette collection, je me suis inspirée de ces mondes à la frontière du réel, de ce qui
dérange un peu nos repères ou invite à regarder autrement. En combinant la céramique et la linogravure, j’ai voulu créer des pièces qui portent une trace personnelle, presque comme des échos de ces histoires ou sensations que je porte en moi. Chaquepièce raconte quelque chose, sans forcément l’expliquer.
Elise L. (Domo): L’idée première derrière ma collection était vraiment de produire une série d’objets précieux, délicats et raffinés. Je voulais vraiment mettre en valeur les photographies d’époque au travers
d’objets nostalgiques que l’on utilise dans des rituels quotidiens. Puis, le fait de faire participer ma communauté dans la collecte de photographies était totalement cohérent avec mon propos : c’est une collection qui va au-delà de l’attachement personnel pour le rendre universel.
Thomas M: Ma pratique artistique s'inscrit dans une démarche punk, dénonciatrice de notre société actuelle. Pour cette première collection, je me suis laissé guider par l'art de Vivienne Westwood, de Banksy et par les plus grands noms de la musique punk, tel que les Sex Pistols. Leurs styles graphiques, leurs histoires et les messages qu'ils souhaitent passer me touchent particulièrement et j'ai voulu retranscrire ça dans ma collection.
- Quel-les céramistes vous inspirent ces temps-ci?
Camille A: Il y en a tellement ! Mais en ce moment j’aime beaucoup découvrir des pratiques orientées vers la céramique décorative : les vases de lacéramiste Lena Konstanze Harms (@lenaharmskeramik) par exemple, les flacons et bougeoirs de l’artiste Tosha Jagad (@studiotosh), ou encore les lampes et lesvases d’Andrea Tsang (andreatsang.studio).
Elise L. (Domo): La céramiste qui m’inspire le plus ces
derniers temps est Katharine Morling. Elle s’amuse à créer des objets en 3 dimensions qui ont l’air tout droit sortis de son carnet de dessin, je trouve son travail vraiment chouette.
Daphné S-D: J’ai eu le privilège de me rendre à St Paul au Minnesota au printemps 2023 pour suivre une formation sur l’expérimentation avec des matériaux locaux avec les céramistes du Studio Alluvium, Mitch Iburg et Zoe Powell. Ils ont une approche très douce et intentionnelle du travail de la terre et mettent la matière à l’honneur tant dans leurs collections d’objets fonctionnels que sculpturaux. Cette formation a été révélatrice pour moi et je souhaite maintenant entreprendre des recherches sur les possibilités des matériaux québécois.
Audrey L: J’aime énormément les pièces uniques de la céramiste Isabelle Simard de même que l’approche plus artistique de Paul Guidera (Paul est enseignant chez Les Faiseurs!). Chacune de leurs pratiques repose sur une forme d’imaginaire personnelle, dans un travail de l’argile ludique, coloré et narratif. En
effet, les pièces céramiques de Paul Guidera sont à la fois décoratives, sculpturales et utilitaires. J’aime beaucoup son traitement de surface au dessin d’où émergent différentes créatures uniques. Je m’inspire aussi de l’approche plus expressive et colorée des pièces céramiques d’Isabelle Simard. J’aime beaucoup son univers caractérisé par un jeu de couleurs et de motifs, dont le travail repose sur la fabrication à
la pièce unique. Son traitement de surface me rappelle beaucoup les gestes et traces propres aux dessins pour enfant !
Thomas M: Le travail de Enjayeych m'inspire particulièrement par son art brutal, des formes complexes et par une force de travail incroyable. Il réussit à rendre chacune de ses pièces uniques tout en étant harmonieuses entre elles et parfaitement symétriques. Il démontre parfaitement un acharnement sur son travail afin d'arriver à la pièce qu'il avait imaginée.